Leo Frank Wikipdia

Posted By on September 14, 2015

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Leo Frank, n le 17 avril 1884 et mort le 17 aot 1915 ( 31ans), tait un juif Amricain. Il fut lynch par la foule Marietta, en Gorgie, en 1915. Ce fait divers amena la cration de l'Anti-Defamation League en raction l'antismitisme que ses fondateurs estimaient rgner alors aux tats-Unis[1].

Leo Frank est n Paris (Texas)[2], fils de Rudolf et Rachel ('Rae') Frank. Sa famille vient d'Allemagne et s'installe d'abord Brooklyn (New York) avant de faire un court sjour de trois ans Cuero au Texas, pisode pendant lequel nat Leo. Le pre de Leo n'est pas particulirement brillant, c'est son oncle Moise qui russit: originaire comme le reste de la famille d'Allemagne, il fait fortune en commerant avec les tats-Unis. Cet oncle fait fortune et aide sa famille. Leo qui est dou l'cole en profite: il bnficie ainsi d'une trs haute ducation, puisqu'aprs tre all au Pratt Institute il va luniversit Cornell, une des plus grandes universits du pays avec Harvard, Princeton ou Yale[3],[4] d'o il sort diplm d'ingnierie mcanique en 1906. Brillant lve, Leo est recrut par la clbre B.F. Sturtevant Company Hyde Park dans la banlieue de Boston (MA). Il n'y reste pas longtemps et revient New York, avant d'tre repris en main par son oncle. Ils sont dj alls en Europe ensemble plusieurs fois (1905, 1906, 1907). Ils y ont visit l'Allemagne et la France, et fait la connaissance des Faber, une famille de fabricants de stylos de Hambourg. C'est l que Leo revient, et y passe neuf mois de dcembre 1907 juillet 1908; il y apprend tout du systme de fabrication. Fort de cette nouvelle exprience, il est recrut par Sigmund (dit "Sig") Montag qui vient de crer la National Pencil Company. Ce dernier a besoin d'un directeur pour sa nouvelle usine d'Atlanta. Moise Frank qui connat Sig Montag (tous deux sont juifs et viennent d'Allemagne) russit faire nommer Leo ce poste.

Leo travaille l'usine de stylos tablie sur Forsyth Street. Il s'installe en aot 1908. Atlanta abrite alors la plus grande communaut juive du Sud; aussi Leo y fait la connaissance de sa future femme, Lucile Loeb-Cohen Selig (29 fvrier 1888 23 avril 1957), la fille de la plus illustre famille juive d'Atlanta, qui a fond la premire synagogue de la ville et qui est aussi richissime. Ils se marient le 28 novembre 1910.

Leo grimpe vite les chelons et cumule bientt lui seul les plus importantes fonctions de l'usine: super-intendant, trsorier, comptable, grant des payes, et mme copropritaire des lieux; bientt il devint aussi directeur associ de l'autre usine de stylos de la ville situe sur Bell Street. Il s'attache principalement pousser au maximum la productivit de l'usine. Il installe un systme de poinonnage de cartes qui chronomtre le travail des employs la seconde prs.

Leo a donc une vie parfaite: brillant, jeune, dj riche, mari. Il continue grimper dans la hirarchie sociale puisqu'il est lu chef de la section de l'organisation juive du B'nai B'rith d'Atlanta la fin de l'anne 1912[5]; et peu aprs, au printemps 1913, il apprend que sa femme est enceinte. Tout lui russit. Rien ne laisse prsager ce qui va arriver.

Un vnement va faire basculer la vie de Leo Frank: la dcouverte dans l'usine du corps de Mary Phagan, une employe qui aurait ft ses 14 ans quelques semaines plus tard[6] et qui tait venue chercher sa paye de 12$ due pour ses 12 heures de travail de la semaine[7]. Si au dbut de l'enqute les policiers ne souponnent pas Leo Frank, ils finissent par orienter leurs recherches vers lui.

Le corps a t dcouvert dans la nuit du 26 au 27 avril 3 h du matin par le veilleur de nuit noir de l'usine, Newt Lee, dans les toilettes rserves aux noirs ( cette poque le Sud connat un systme de sgrgation raciale, qui ne sera aboli qu' la fin des annes 1960). Il tlphone la police qui arrive sur les lieux dix minutes plus tard. On trouve sur le corps de la petite deux bouts de papiers sur lesquels, agonisante, elle aurait crit que son violeur et assassin serait noir. Le veilleur de nuit analphabte n'a pas pu lire le mot, et cela en fait le premier suspect, mais le systme de pointage tabli par Leo Frank innocente le veilleur de nuit qui a point en temps et en heure toutes les quinze minutes. Les policiers prviennent alors le patron de l'usine de la dcouverte du corps et le prient de se rendre immdiatement sur les lieux du crime. Leo Frank ne semble pas comprendre tout de suite la situation, car il se montre revche et semble dplaire aux policiers qui lui reprochent sa nonchalance et un soupon de peur dans sa voix. Lorsque Leo Frank se rend sur place, quatre heures aprs la dcouverte du corps, il fait mauvaise impression et apparat le plus troubl de toute l'assistance[8]. N'ayant pas confiance dans la police d'Atlanta, Leo Frank engage alors une entreprise de dtectives privs (Pinkerton Detective Agency) aux frais de la socit. Il apprend que les policiers ont gch la scne de crime, ne relevant pas des empreintes digitales dans du sang sch par exemple. De leur ct les policiers resserrent leurs filets autour de Leo Frank: Leo Frank est le dernier avoir vu la fille vivante, son comportement a t nerveux, et le jour du meurtre Leo Frank a fait deux choses inhabituelles qu'il n'avait jamais fait auparavant: il a demand Newt Lee de venir deux heures en avance au travail (16 heures au lieu de 18h) et, lorsque ce dernier s'est prsent 16h, lui a demand de repartir pour revenir 18h. Enfin il a tlphon Newt Lee vers 19h pour savoir si tout allait bien (L. Frank se justifiera en disant qu'en quittant l'usine 18 h, il a crois un ancien comptable, licenci deux semaines auparavant, qui venait rcuprer des chaussures laisses son ancien bureau et qu'il demanda alors N. Lee d'accompagner ce dernier).

Le lendemain, 28 avril, Leo Frank est convoqu au commissariat pour y tre entendu. Il y est rejoint par son avocat, Luther Rosser, et l'avocat de la compagnie, Herbert Haas. Le 29 avril, Leo Frank est officiellement arrt. Les enquteurs ne laissent rien filtrer aux journalistes. Aussi la presse comme la population est d'abord partage: la communaut juive comme la famille de Frank le dclarent innocent et dans le reste de la population, seules des rumeurs laissent entendre qu'il est coupable.

Le 1er mai, un employ de l'usine est interpell. Il s'agit d'un balayeur noir du nom de Jim Conley. Il est arrt car il a t surpris en train de laver une chemise tache de sang (il s'en dfendra en disant que c'tait de la rouille; quand il est apprhend, il a fini de laver la chemise). Il est entendu et questionn par les enquteurs, et finit par dire que c'est Leo Frank qui l'a recrut pour se dbarrasser du corps et lui a promis 200 dollars. Cela est corrobor par les dclarations de ceux qui ont vu le modeste Jim Conley passer beaucoup de temps dans les bars depuis le meurtre, consommant beaucoup d'alcool. Quand les policiers lui parlent des bouts de papiers trouvs sur le corps, il affirme que c'est Leo Frank qui les lui a dict la veille du meurtre, car aussi surprenant que cela puisse paratre Jim Conley sait lire et crire. Les enquteurs sont surpris et font vrifier son criture (diffrents experts exprimeront des avis contradictoires); de mme ils montrent les papiers la tutrice de Mary Phagan qui affirme ne pas reconnatre l l'criture de la fille.

Tout semble accrditer la thse de Conley. cela viennent s'ajouter des rumeurs qui font du patron de l'usine un maquereau et un pervers sexuel, des vices qui auraient t plus marqus depuis la grossesse de sa femme. Il harclerait notamment les jeunes filles comme Mary Phagan qui y travaillaient: une vingtaine d'entre elles tmoigneront au tribunal avoir t victimes de ses assauts (mais qu'elles ont toutes repousss). Il courait galement une rumeur affirmant qu'taient souvent organises pendant la nuit des parties fines dans l'usine mme. Une maquerelle d'Atlanta en tmoignera au tribunal. Les policiers pensent tenir leur coupable et chafaudent leur hypothse: le jour du 26 avril, peu aprs midi, la petite Mary se rend l'usine pour toucher sa paye que doit lui remettre Leo Frank. C'est l qu'elle aurait refus ses avances, ce que Leo Frank n'aurait pu supporter. Aprs l'avoir viole, il l'aurait trangle et aurait soudoy Jim Conley pour se dbarrasser du corps.

Les charges retenues contre Leo Frank sont extrmement graves puisque les enquteurs arrivent prouver avec le tmoignage de Jim Conley que Leo Frank aurait prmdit ces actes. Selon les enquteurs, Leo Frank aurait tout maniganc pour que soit accus sa place un Noir de la ville, chose probable tant donn la mfiance ambiante envers les Noirs cette poque (en 1906, Atlanta avait connu les pires meutes raciales du pays). Il est important de noter que tous les tmoignages de l'accusation seront rprouvs (aprs un certain temps) et r-approuvs (une fois de retour au poste de police d'Atlanta) par leurs auteurs avant, pendant ou aprs le procs.[rf.ncessaire]

Sur la base de l'hypothse formule par la police, Leo Frank est inculp le 24 mai. Le procs commence le 28 juillet et le 25 aot Leo Frank est reconnu coupable par les jurs. Ils n'ont pas cru la dfense de Frank qui rejetait le crime sur Jim Conley; d'autant que si on pouvait penser que Frank tait accus uniquement parce que juif, riche et nordiste, on avait du mal comprendre le discours raciste des avocats de Frank qui dclaraient Conley noir, alcoolique, menteur, puant, etc. Conley fera plusieurs dclarations contradictoires, mais son attitude nave lui donne les faveurs du public. Les jurs dlibreront 4 heures avant de donner leur verdict. Deux jurs seront remis en cause par la dfense pour avoir tenu des propos antismites envers Leo Frank avant le procs, mais rien ne fut prouv (malgr certains tmoignages). Le verdict devait tre rendu un samedi, mais ce jour tant le jour d'affluence des gens de la campagne Atlanta, le juge repoussa l'nonc du verdict au lundi, de peur des ractions de la foule. Le juge interdit aussi Leo Frank et ses avocats de siger au tribunal au moment de l'nonc du verdict, pareillement pour viter tout lynchage.

Frank fit appel. Durant la procdure, en octobre, l'avocat de Jim Conley dclara que Conley tait le vrai coupable et qu'il s'en tait confi lui, mais cela n'empcha pas l'appel d'tre rejet en novembre 1914 par la cour d'appel de Gorgie. ce moment, la dfense de Leo Frank lui avait dj cot un total de 40000 dollars, une vritable fortune l'poque. Heureusement, Frank bnficiait du soutien de son gnreux oncle et d'un des amis de ce dernier, Louis Marshall(en), le prsident de l'American Jewish Committee.

Frank fit appel alors la Cour suprme, mais l encore l'appel fut rejet par 7 voix contre 2 le 19 avril 1915. Durant toute cette priode la presse rvla de nombreux tmoignages tendant innocenter Leo Frank. Elle publia les lettres crites en prison par Jim Conley une femme de La Nouvelle-Orlans dans lesquelles il aurait avou le crime. Un dtenu surnomm Freeman jura qu'il tait avec Jim Conley dans le sous sol de l'usine le jour du meurtre, ils jouaient aux cartes ensemble pour de l'argent, alors que Conley tait court d'argent il serait mont l'tage, aurait crois Mary Phagan et assassin pour lui prendre sa paye, Freeman affirma l'avoir vu trangler Mary Phagan. Un pasteur noir d'Atlanta affirma avoir entendu deux noirs chuchoter le lendemain du meurtre, l'un d'eux affirmait qu'il avait t importun par un agent d'assurances et qu'il lui affirma: j'ai tu une petite fille aujourd'hui, alors ne m'obligez pas tuer quelqu'un d'autre, etc. mais tous ces tmoignages seront systmatiquement rpudis lors de l'audition des personnes par la police d'Atlanta, si bien qu'aucun lment nouveau ne permettait d'innocenter Frank.

Le 31 mai, ses avocats dposrent une demande pour commuer la peine de mort en prison vie. L'excution tait programme pour le 22 juin 1915. La veille, le 21 juin, le gouverneur de Gorgie, John M. Slaton(en), commua la peine en prison vie, une semaine de la fin de son mandat de gouverneur. Cette dcision qui allait l'encontre d'un jury populaire, qui fut prise la veille de la fin du mandat du gouverneur et la veille de l'excution de la sentence, ne fit qu'attiser un peu plus la haine sur le cas Leo Frank. La foule tait en colre.

John Carson[9], un musicien, joueur de fiddle, composa une chanson, La balade de Mary Phagan, qu'il joua devant le palais du gouverneur pour protester. La presse rvla alors que le gouverneur et l'avocat de Frank avaient une affaire en commun (en fait le cabinet d'avocats qui dfendait Leo Frank depuis le dbut de l'affaire). Slaton et sa femme furent alors menacs de mort; une foule se pressa aux alentours de leur villa 7 kilomtres de la ville, et il fallut une compagnie de la milice pour les protger de toute intrusion, des fils barbels furent appliqus tout autour de la proprit, et les frquents Halte, qui va l?! empchrent le couple de dormir durant une semaine; ayant atteint la fin de son mandat, le gouverneur dcida de quitter ltat; il ne revint en Gorgie que plusieurs annes plus tard.

Pour assurer la scurit de Leo Frank, le gouverneur Slaton, avant de rendre sa dcision publique, avait fait changer de prison Leo Frank: il le fit transfrer de nuit de la prison d'Atlanta celle de Milledgeville (180km plus au sud). Cette mesure le protgea de la foule d'Atlanta, mais pas de ses codtenus, puisque le 17 juillet un codtenu arm d'un couteau de boucher trancha la gorge de Leo sur 21cm de long. Il expliqua vouloir viter lui ainsi qu'aux autres dtenus d'tre lynch par la foule si jamais elle venait chercher Leo Frank. Ce dernier lutta entre la vie et la mort pendant des jours et ses blessures ne cicatrisrent jamais totalement.

Le 16 aot vers 22h une troupe de 8 voitures compose de 25 hommes arms, dont un ancien gouverneur de Gorgie, et d'anciens ou futurs maires, de shrifs, de fermiers, d'avocats, de banquiers, etc., attaqua la prison dtat de Milledgeville o ils enlevrent Leo Frank. Un lectricien se chargea de couper les cbles reliant la prison (un cble tlphonique ne fut pas coup, ce qui permit ltat tout entier d'tre au courant de l'enlvement moins d'une heure aprs); un chauffeur et un mcanicien eurent pour mission d'viter toute panne de vhicule; un bourreau devait pendre le condamn tout simplement; les autres devaient prendre soin d'immobiliser les forces de police de la prison. Une fois Leo Frank captur, ils le conduisirent en voiture par des chemins dtourns (pour viter les barrages de police) sur plus de 200 kilomtres (plus de trois heures de trajet), jusqu' la ville o tait ne la petite Mary, Marietta. C'est l qu'ils le pendirent un arbre, tt le matin du 17 aot, aprs l'avoir dclar coupable et lui avoir demand d'avouer une dernire fois (ce qu'il refusa de faire). Sa dernire volont fut qu'on remit sa femme son alliance, ce qui fut fait. Une foule d'enfants, de femmes et d'hommes arriva alors et l'on prit en souvenir des photos dont on fit des cartes postales qui eurent un grand succs, mais que la presse locale refusa de publier (craignant des reprsailles au niveau national); la ville d'Atlanta prit un arrt interdisant la vente de telles cartes trois jours aprs, mais en 1917, on en vendait encore. Le lynchage tait une pratique courante, mais illgale, le commando avait agi masqu et les noms de ses membres ne furent rvls qu'en l'an 2000, 85 ans aprs les faits, bien que localement tout le monde les ait connus. Une enqute fut mene, mais personne ne fut inculp. Le corps de Leo Frank fut transport le 17 aot Atlanta par entreprise de pompes funbres; le corps fit le voyage jusqu' New York accompagn par la veuve. La dpouille de Leo Frank fut inhume le 20 aot au cimetire du Mont Carmel New York.[rf.ncessaire]

Aprs sa condamnation, l'association juive dont Leo Frank tait le prsident Atlanta, "Les fils de l'Alliance" (ou B'nai B'rith), a dcid de crer l'AntiDefamation League en septembre 1913 pour empcher l'avenir toute calomnie contre l'un de ses membres.

la suite du lynchage d'aot 1915, la moiti de la communaut juive de Gorgie fuit ltat de peur des reprsailles et du boycott inflig leurs commerces. Le jour du lynchage, la communaut juive de Marietta reut l'avertissement qu'elle devait quitter la ville avant minuit; elle s'excuta.

la suite de l'affaire Mary Phagan, en octobre 1915, une partie des membres de l'association "les chevaliers de Mary Phagan" s'associa avec des nostalgiques du Ku Klux Klan (interdit depuis les annes 1870) pour le ressusciter.

La femme de Leo Frank ne se remaria jamais. Elle consacra sa vie clamer linnocence de son dfunt mari et mourut en 1957 New York. Bien qu'une place lui ait t rserve la gauche de la tombe de Lo, elle demanda en 1954 tre incinre afin de pouvoir tre ramene secrtement dans le caveau familial d'Atlanta (des funrailles auraient entran des reprsailles), ce qui fut fait 7 ans aprs sa mort. Ce dernier souhait, reposer entre ses parents Atlanta plutt qu' ct de Frank New York, est considr par les partisans de la culpabilit de Leo Frank comme un aveu de la culpabilit de Frank de la part de sa femme, une rumeur prtendant que Leo aurait avou sa femme avoir commis le crime.

Jim Conley ne purgea en tout qu'un an de prison pour sa complicit dans l'affaire. Il fut interpell plus tard pour cambriolage, ivresse et pari clandestin (il fut condamn 20 ans de prison, mais n'en fit qu'une partie). Il mourut en 1962.

Le 7 mars 1982, Alonzo Mann, qui tait en 1913 un petit garon employ l'usine de crayons, affirma avoir vu Jim Conley seul dplacer le corps de la petite Mary. Menac de mort par Jim Conley s'il disait la vrit, il se tut sur le conseil de sa famille et de ses proches. Alonzo Mann mourut trois ans aprs et avoua avoir fait cette dmarche pour pouvoir mourir la conscience tranquille. Jim Conley tait mort depuis 1962.

la suite de ce rebondissement, l'AntiDefamation League tenta de mener une procdure de rhabilitation envers Leo Frank, mais choua car toutes les pices du dossier avaient t perdues. La Cour dcida donc qu'on ne pouvait ni confirmer ni infirmer le verdict rendu l'poque. Cependant, en 1986, la Cour reconnut sa faute dans le lynchage de Leo Frank, reconnaissant n'avoir pas pu le protger. La communaut juive continue aujourd'hui de proclamer l'innocence de Leo Frank[10], alors que pour la Justice amricaine et la famille de la victime, il reste coupable. L'opinion reste divise. Mme si pour la famille Phagan, Leo Frank est coupable, elle a toujours interdit aux chevaliers de Mary Phagan et au KKK de procder des crmonies sur la tombe de Mary Phagan, et donc de s'associer ces actions.

Le procs de Frank a t l'objet de surenchre spectaculaire de la part des mdias, qui dcrivirent des scnes d'orgies et de viol l'usine de Frank. D'avril aot, durant les quatre premiers mois, prs de 18000 colonnes lui furent consacres[11]. Des trois journaux de la ville (The Atlanta Constitution, The Atlanta Journal, The Atlanta Georgian), celui de Hearst (Le Georgian) en a le plus profit en multipliant par trois son tirage. Hearst fit venir pour gagner cette bataille de la presse son diteur de New York (Keats Speed) spcialement pour l'affaire. La presse ne s'embarrassait pas de dontologie, et ds le premier jour, elle accusa Newt Lee d'avoir commis le crime, et dj la foule demandait qu'on le lynche[12]. Alors que trois jours aprs les faits Newt Lee tait dj remplac par Leo Frank sur la liste des suspects no1, cela n'empchait pas le Georgian de titrer en gros en une: La culpabilit de Lee est prouve!. Le dmagogue nativiste, avocat et diteur gorgien Tom Watson en particulier enflamma l'opinion publique en appelant au lynchage pour en finir avec Leo Frank, en justifiant le principe du lynchage en l'expliquant comme l'application de la justice populaire; il commenta l'affaire partir de dcembre 1914, accusant sens unique le pervers juif. Son mensuel et son hebdomadaire (The Watson Magazine et The Jeffersonian) virent leur tirage quadrupler. La presse gorgienne et atlantenne ne condamnrent pas unanimement Leo Frank; aprs les premiers mois du procs, et aprs la condamnation les journaux remirent en question la dcision du jury. Certains journaux gorgiens n'hsitrent pas condamner son lynchage par ailleurs, ds le jour mme, et elle refusa de diffuser les photos du lynchage; en-dehors d'Atlanta, en Gorgie mme, il y eut tout de mme quelques journaux pour saluer la justice populaire. En dehors de Gorgie la presse tait majoritairement pour Leo Frank. Los Angeles et New York on fustigeait l'attitude archaque des sudistes. Leo Frank croyait fermement dans sa future relaxe; il tait soutenu par la diaspora juive amricaine qui tait regroupe dans l'American Jewish Committee. Ce dernier tait dirig par Louis Marshall, qui, depuis New York (o il dirigeait le New York Times), a tout le long de l'affaire conseill les avocats de Frank et orchestr vritablement le soutien Leo Frank dans la presse grce ses puissantes relations, il l'a galement aid financirement. Toutefois, l'AJC tait soucieuse de ne pas organiser de manifestations trop voyantes ni de campagne de presse trop virulente de peur de jeter de l'huile sur le feu; les adversaires de Leo Frank ne se sont pas gns pour expliquer le soutien Leo Frank de la part de la presse par la corruption et l'argent du lobby juif.

Pour l'ADL et l'AJC, l'affaire Leo Frank montre indniablement l'antismitisme inn de la culture sudiste (blanche, chrtienne, WASP, raciste), pour eux Leo Frank est le seul blanc avoir t condamn mort sur la foi du tmoignage d'un noir. Cela dit, l'antismitisme sudiste reste une question dbattue: de nombreux officiers confdrs taient juifs, les juifs sont arrivs trs tt dans le sud (ds le XVIesicle) et le lynchage de Leo Frank est le seul concernant un juif dans toute l'histoire des tats-Unis que ce soit au Sud ou au Nord, ce fut le premier et le dernier aussi. Plusieurs mois aprs le procs, avant le lynchage, les journaux d'Atlanta firent circuler une ptition appuyant la commutation de la peine dpose auprs du gouverneur; ils reurent des milliers de soutiens de gens du pays. L'historien amricain, d'origine juive, Leonard Dinnersein met l'accent sur la situation sociale explosive d'Atlanta dans les annes 1910 sur fond de misre et de violence extraordinaire (en 1906 Atlanta est le lieu de trs violentes meutes): une population trs pauvre, avec un trs haut taux de criminalit, et une injustice sociale quasi permanente (Mary Phagan est l'exemple du travail d'enfant sous-pay), une misre intellectuelle galement o l'illettrisme mne une manipulation facile des foules.

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